Voté par une majorité de britanniques, le Brexit s’est imposé face à l’Union Européenne. Si beaucoup d’économistes évoquent un coup rude pour le commerce, quelles sont précisément les conséquences pour l’Europe des entreprises ? Le point sur ce tsunami populaire.
La Grande-Bretagne, le premier perdant
Après des mois d’interrogations, le peuple britannique a tranché, la Grande-Bretagne quitte définitivement l’Union Européenne. Et le moins que l’on puisse dire c’est que son économie va être touchée de plein fouet suite à cette décision extraordinaire. Selon le think tank allemand Bertelsman Stiftung, son isolement commercial pourrait lui coûter jusqu’à 14% de son PIB en 2030 soit 313 milliards d’euros. Avec le Brexit, la réouverture des douanes est presque inévitable obligeant les petits et les moyens commerçants britanniques à devoir payer des coûts d’exportations élevés. Quant aux grandes entreprises de l’île, la mise en place de partenariats et de coopérations commerciales s’annonce déjà difficile. Autre sujet d’inquiétude, la dépréciation de la livre sterling qui risque de provoquer un renchérissement des importations et une baisse des marges des entreprises anglaises. Sans oublier que les freins à la libre circulation des travailleurs vont eux aussi nuire au développement économique du pays qui accueille des centaines de milliers d’étrangers sur son territoire.
Le e-commerce, victime collatérale
Mais le Brexit risque d’être aussi un coup rude pour le commerce en ligne. Et c’est les échanges commerciaux et le consommateur qui va, le premier, en subir les conséquences. Dès lors qu’il achètera un produit sur un site britannique pour un montant supérieur à 22 euros il devra payer en plus une taxe sur le chiffre d’affaires de 19%. Et s’il commande un article dont le prix est supérieur à 150 euros, il devra ajouter à cela les frais de douanes. Autant de taxes qui vont freiner les achats sur les sites anglais. Pour les e-commerçants britanniques ils devront s’acquitter des coûts d’exportations de leurs produits. Quant à la législation du Royaume-Uni relative aux boutiques en lignes, celle-ci risque de conduire à des divergences avec les autres pays européens.
La France, un partenaire touché de plein fouet
Avec le Brexit, la Grande-Bretagne n’engage pas seulement l’avenir de son pays mais également celui des relations commerciales avec ses alliés européens à commencer par la France. En 2015, elle était son 5e partenaire commercial et son premier excédent bilatéral, un classement qu’elle a peu de chance de maintenir sur le moyen terme. Alors que le commerce extérieur hexagonal avec le Royaume-Uni est actuellement bénéficiaire, les entreprises françaises pourraient subir jusqu’à 3,2 milliards d’euros de pertes à l’export d’ici 2019. Et parmi ces exportations françaises, on trouve des constructeurs automobiles, des fabricants de produits de luxe mais aussi des producteurs agricoles. Et sans accord de libre échange, le désinvestissement des entreprises françaises basées au Royaume-Uni (environ 800 entreprises et près de 1360 filiales) et des sociétés britanniques installées en France pourrait atteindre 5,2 milliards d’euros. Le commerce allemand, avec 15% (soit 89 milliards de dollars) de biens exportés sur le sol britannique, risque lui aussi de traverser de sérieuses turbulences. Et ce sont les constructeurs automobiles qui seraient les premières victimes du rétablissement des droits de douane car les ventes de leurs voitures représentent 6,4% des importations britanniques.
Avec une balance commerciale de la Grande-Bretagne vers l’Europe déficitaire de presque de 10 milliards d’euros, on peut dire que ce Brexit est le pire scénario auquel pouvaient s’attendre les pays européens exportateurs. Dans deux ans, la Grande-Bretagne aura officiellement quittée l’Union Européenne. Un laps de temps suffisant pour que les commerçants de l’UE analysent la pertinence du marché britannique pour leur activité.
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